Chapitre 11
LE RYTHME DE DEUX SECONDES
DANS LES APPARITIONS DE LOURDES
Dans de nombreuses et très diverses expériences phosphéniques et
mentales, nous avons mis en évidence l'importance du rythme de deux
secondes pour le cerveau humain. Ceci nous a amené à pratiquer les
exercices du Yoga mental sur ce rythme. (Voir principalement Exploration
du cerveau par l'alternance des phosphènes doubles ; Activation du
cerveau par l'audition alternative ; Le Yoga de deux secondes).
A
Rappel par l'Apparition, de l'importance religieuse
de certains mouvements rythmiques
1. L'Apparition de Bernadette et le rythme de deux secondes :
Recherchons maintenant si, dans les apparitions de Lourdes, le rythme de
deux secondes s'est manifesté.
Tout d'abord, Henri Lasserre note qu'à l'une des apparitions "La Sainte
Vierge s'incline à plusieurs reprises". L'abbé René Laurentin nous
donne davantage de précisions dans Vie de Bernadette - le Livre du
Centenaire ; éditions de Poche, 1979 ; page 81 et suivantes :
Cette apparition a eu lieu la nuit, à onze heures du soir. Cette précision est
intéressante à noter car une lueur surnaturelle précédait, accompagnait et
suivait toujours cette manifestation. Or il est toujours plus facile de
percevoir un phénomène qui, dans ses profondeurs est de nature
phosphénique, de nuit que de jour.
Ce soir-là, le commissaire de police, Monsieur Jacomet, était présent sur
les lieux. Il avait vérifié qu'il n'y avait aucun trucage dans la grotte, ou
plus exactement dans la petite excavation, la niche située au-dessus de
l'entrée sur la droite. (Signalons pourtant que cette niche paraît présenter
un orifice à son sommet). Or, l'Apparition se retira en saluant plusieurs
fois, et Bernadette lui rendit ses saluts. Jacomet compta vingt-quatre
salutations.
Saluer vingt-quatre fois pour dire au revoir, c'est beaucoup trop. Au delà
de trois, ce serait vraiment du gâtisme. Donc, si l'Apparition a semblé
saluer vingt-quatre fois en se retirant, c'est pour une toute autre raison : de
même qu'elle n'a cessé de rappeler l'importance du chapelet, c'est-à-dire
de la pensée rythmée, de même elle voulut rappeler l'importance de
certains mouvements de tête. Or, le rythme normal d'une salutation est
d'environ deux secondes : une seconde pour fléchir la tête, une autre pour
la redresser.
L'Apparition, par ces prétendues salutations, a donc voulu rappeler un
élément majeur des techniques initiatiques qui mettent l'âme en harmonie
avec les rythmes réguliers du cosmos, pour aider à réaliser cette pensée
rythmée. Tout l'univers étant constitué de rythmes entremêlés, cultiver la
fonction rythmique du cerveau et de la pensée devrait être le but
primordial d'une éducation bien comprise, et le fondement même de la
pensée religieuse.
Comparons avec ce qui s'est passé pour une autre enfant ayant utilisé
d'instinct le Phosphénisme :
Minou Drouet, par exemple, pendant qu'elle regardait le reflet du soleil
sur l'eau, balançait la tête de droite à gauche. En appendice du Mixage
phosphénique en pédagogie, nous avons analysé grandement les
étrangetés des mouvements des phosphènes. Par exemple, ils peuvent
parfois se balancer, même lorsque les yeux sont immobiles ; c'est alors
toujours sur le rythme de deux secondes. Ce rythme, qui est un temps de
résonance propre, ressurgit à travers le corps des enfants qui pratiquent le
Phosphénisme, sous forme de danses, mais aussi dans leurs pensées
chargées de phosphènes à leur insu. On peut donc supposer que ces
inclinaisons de la Vierge ont été une manifestation de ce que nous
appelons " le système rythmo-phosphénique ".
2. L'invisible se sert de Bernadette pour rappeler l'importance
religieuse des prosternations :
Enfin, d'après Jean Lasserre, la Sainte Vierge dit à Bernadette : "Vous
baiserez la terre pour les pécheurs ", et la foule reprend ce geste avec
Bernadette qui a obéi. N'est-ce pas un rappel de ce que le
Catholicisme romain s'est trop écarté de ces prosternations
orientales, dont les raisons physiologiques sont profondes ?
D'une part, elles font affluer le sang dans les trois circonvolutions
frontales antérieures qui constituent le siège principal de l'intelligence, de
la personnalité et des décisions librement choisies ; d'autre part, elles
créent un rythme dans le cerveau par les variations de pression, rythme
qui se répercute sur celui de la pensée et va donc aider à rythmer la prière.
Or, l'universalité du rythme en fait un aspect de Dieu. Avoir le rythme
dans sa pensée est une des meilleures façons d'avoir Dieu en soi. C'est
pourquoi ces prosternations, et plus encore ces balancements à un rythme
pendulaire qui créent un rythme dans la circulation cérébrale, accentuant
le rythme de la prière, constituent un des éléments essentiels des religions
qui n'ont pas perdu le contact avec leurs racines.
Mahomet a eu exactement la même révélation pendant son extériorisation
de conscience, au cours de laquelle Dieu lui a commandé de donner cinq
prières par jour à son peuple.
Même les animaux ont des gestes comparables comme marque de respect
envers un chef de troupe. Ainsi, les loups défilent la queue verticale
comme insigne de la fonction qu'ils ont gagnée par leurs luttes
victorieuses contre les autres concurrents.
Mais l'homme sait marquer son humilité par l'inclinaison de la tête et du
corps devant le créateur de toute chose. C'est l'un des sens de ce geste.
Mahomet, en associant la prière mentale à ces prosternations cinq fois par
jour, a eu le trait de génie qui me paraît à l'origine du succès de sa
religion.
3. Analogie avec l'Ange de Fatima :
Le rapprochement avec Fatima est saisissant, puisque l'Ange y a donné
un geste presque semblable aux enfants. On peut dire que deux fois, à
Lourdes et à Fatima, le Catholicisme a eu un rappel par le ciel, du geste
fondamental de la prière, véritable rappel à l'ordre céleste. Mais il n'en a
pas tenu compte, ne comprenant pas que si la religion musulmane
concurrence maintenant grandement la religion catholique, c'est à cause
de la puissance mentale que donne ce geste naturel, et de sa valeur
cosmique.
Pourtant, on pourrait multiplier les exemples qui prouvent que
l'importance de ces balancements pour l'évolution spirituelle n'échappait
pas aux premiers Chrétiens. Ainsi les stylites, tel Saint Siméon, se
balançaient de cette façon en haut de leur colonne, tout en priant,
fléchissant fortement le corps. C'était en somme des demi-prosternations.
B
L'Apparition révèle à Bernadette
un puissant exercice initiatique
1. Quelques effets physiologiques, communs aux prosternations et
aux balancements :
Analysons maintenant ce geste.
Relevons que ce balancement de tête pratiqué comme un léger salut, la
tête se penchant en avant puis revenant à la verticale sans recul en arrière,
est un exercice particulièrement salutaire. Il envoie la pression et le sang
périodiquement dans les régions frontales antérieures, qui sont celles de
l'activité intellectuelle, (la température de l'écorce cérébrale frontale
monte jusqu'à 39 degrés pendant un calcul mental difficile) ; mais aussi
celles de l'esprit d'initiative et de la créativité originale dont les thèmes
sont librement choisis.
De ceci, on est certain car consécutivement à l'opération de lobotomie
(opération qui consiste à sectionner certaines de ces fibres nerveuses qui
se rendent dans cette région), le sujet perd alors toute initiative
personnelle et devient un pantin obéissant aux ordres de l'entourage.
Cette opération a été pratiquée assez souvent en psychiatrie. On a même
affirmé qu'elle avait été appliquée dans certains pays avant quelques
procès politiques, pour que l'accusé reconnaisse sans sourciller tous les
torts qu'on lui attribuait, vrais ou faux.
Cette flexion de la tête en avant, salut doux répété sur un rythme régulier,
est donc un excellent stimulant des plus hautes facultés de l'esprit.
L'Apparition a indiqué là UN EXERCICE MAJEUR qui devrait
fréquemment accompagner la prière. Pour en connaître le rythme exact, il
faut en surveiller l'effet sur la pensée. On se rend bien compte de la
vitesse de répétition et du degré d'inclinaison qui l'intensifient et la
rendent plus concentrée. Sur ce rythme, on ressent une synchronisation
parfaite entre le mouvement de tête et le rythme de la prière.
Par contre, il ne faudrait surtout pas lancer la tête trop bas et trop
fortement inclinée par un mouvement brutal. Pire encore si le menton
venait heurter le sternum : on sait maintenant que les régions de
l'affectivité, de la sexualité, de l'agressivité sont dans la région inféroantérieure
du cerveau appelée rhinencéphale, (c'est-à-dire les régions du
cerveau qui sont au-dessus des fosses nasales). De tels chocs exacerbent
les instincts les plus inférieurs, d'une façon effarante.
Sur ce point, Bernadette a eu la révélation du geste, plus exactement de
l'exercice qui introduit la pureté dans la personnalité en exaltant le rythme
dans la pensée. C'est un des aspects les plus importants de la présence de
Dieu en nous, et qui donne la moralité. Par exemple être honnête, c'est
rendre autant que l'on reçoit, et comme la vie est un échange perpétuel,
l'honnêteté est un mouvement de balancier entre l'intérieur et l'extérieur.
Il en est de même, si l'on cherche bien, pour tous les autres aspects de la
moralité. Le balancement de tête introduisant le rythme dans la pensée par
l'intermédiaire du rythme projeté sur la région adéquate du cerveau (grâce
aux variations de pression et de circulation dues au mouvement), relève
donc la moralité. Il est possible que cette purification de l'âme par cette
" salutation " rythmée qui doit accompagner la prière soit le vrai sens de
l'expression " Immaculée Conception ". On pourrait dire, par exemple,
que l'esprit a voulu faire comprendre aux hommes que ce geste avait une
action sur le cerveau et conduisait à la purification morale. Il a employé
le vocabulaire de l'époque le plus à la portée des foules pour faire une
allusion, en une brève expression, à cette connaissance ancienne
profondément initiatique.
Mais il faut se surveiller sans cesse pendant l'exercice, pour ne pas se
laisser entraîner au mouvement fait avec trop forte inclinaison de la tête
et trop grande brutalité, ce qui conduit exactement au but opposé, car au
lieu de stimuler favorablement les lobes frontaux antérieurs, il surexcite
dangereusement la face antéro-inférieure du cerveau.
Enfin, remarquons que la salutation de l'Apparition de Lourdes est
exactement le balancement qui est fait durant la prière, en position debout,
dans la religion ismaélienne. Il y a certainement là plus qu'une
coïncidence. Bernadette, comme les lointains fondateurs des rites de cette
religion, a eu la révélation d'une loi physiologique qui permet de stimuler
le meilleur de la personnalité.
On observera qu'aucun exercice ne favorise autant la représentation
mentale d'un point lumineux situé sur la ligne médiane du front, au point
où il est le plus bombé, et que c'est lorsque ce point est localisé à cet
endroit, c'est-à-dire à mi-hauteur du front, qu'il devient plus brillant.
2. Bernadette continuait-elle sans le savoir, les pratiques des
Templiers?
Dans Les Sociétés secrètes initiatiques, (éditions Tchou, 1975), Jean
Marquès-Rivière expose les liens très étroits qui existaient entre les
Templiers et les ismaéliens. Il souligne l'identité de
l'organisation entre l'Ordre des Templiers et celui de certains Ordres
ismaéliens.
Les Templiers disaient posséder un " secret " tel, que ceux-ci préféraient
se laisser mettre à mort plutôt que de le trahir, et que " le dernier Templier
est mort en emportant le secret dans la tombe ".
En raison de leur contact avec les ismaéliens, on peut supposer que ce
secret était l'ensemble des exercices permettant à l'homme de
communiquer avec l'autre monde, parmi lesquels des rudiments de
Phosphénisme et les balancements en forme de salutation pratiqués par
les ismaéliens.
Bernadette qui récitait son chapelet en faisant du Phosphénisme sans le
savoir, dans des conditions variées, a eu par son Apparition, la révélation
de ce balancement, dont le but est d'accentuer le rythme de la pensée en
stimulant les régions frontales. Il est curieux de remarquer que ce
balancement est le même que celui pratiqué par les ismaéliens, par St Siméon
le Stylite et peut-être par les Templiers.
N'oublions pas que ces derniers ont laissé tout près de Lourdes, à Luz-St-
Sauveur, une église particulièrement remarquable, église construite en
forteresse selon les nécessités de l'époque, ce qui fait sa grande
originalité.
Les effets des prosternations sur la circulation sanguine, sur la circulation
de l'influx nerveux et aussi sur celle du liquide céphalo-rachidien, sont
encore plus marqués puisque ces prosternations intéressent également la
moelle épinière. Leur rythme ne peut en être que plus lent et nécessite
même un temps de repos au retour.
Par contre, déclencher par les prosternations un automatisme conscient
des rythmes de la pensée est plus difficile. D'une part, parce que cet
automatisme est surtout facile à produire pour le rythme de deux secondes
qui n'est pas applicable ici ; d'autre part, parce que l'effort musculaire est
suffisamment intense pour capter fortement l'attention. En conclusion,
pour profiter au mieux des avantages de l'un et de l'autre, il faut les
alterner.
On retrouve le même genre de balancements ressemblant à des
salutations, dans le Christianisme primitif. Revenons à Saint Siméon le
Stylite. Il avait lui aussi été berger dans son enfance, jusqu'à l'âge de
treize ans. Sa vocation précoce le fit alors entrer au monastère. Plus tard,
sa réputation de voyant et de thaumaturge fut telle que, devant l'afflux de
la foule, il décida de se réfugier au sommet d'une colonne car trop de
malades voulaient le toucher pour guérir. Sur celle-ci, " il pratiquait
continuellement des balancements en avant, sortes de salutations qui
rythmaient sa prière ", (Dictionnaire des Saints, 1964, Sociétés d'éditions
de dictionnaires, 5 rue Sébastien Bottin, 75014 Paris).
Les balancements de l'Apparition de Lourdes paraissent bien être les
mêmes que ceux de Saint Siméon le Stylite. D'ailleurs, Bernadette a imité
son apparition. Nous avons dit au début de ce chapitre que le commissaire
de police a noté que l'enfant avait ainsi salué vingt-quatre fois. (Vie de
Bernadette, abbé Laurentin ; éditions de Poche, p. 83).
Il faut d'ailleurs noter que Bernadette avait reproché au sculpteur qui avait
représenté son Apparition, que la statue avait la tête légèrement rejetée en
arrière, alors que l'Apparition levait les yeux au ciel mais avec la tête
droite. Ceci est très important, car la flexion postérieure de la tête gêne la
circulation dans le cerveau, par pincement des artères vertébrales. Cette
position est donc impropre à la méditation. Une fois de plus, l'Apparition
semble extérioriser des nécessités physiologiques.
De plus, nous savons maintenant que l'élévation du regard favorise la
phase du phosphène nommée " lueur diffuse ", qui termine celui-ci. Or,
cette phase est particulièrement liée à l'aspect psychique du phosphène,
car elle permet de voir les objets physiques qui la traversent comme une
ombre, ceci en pleine obscurité et même avec deux bandeaux opaques sur
les yeux. On est obligé de faire un rapprochement entre cette position des
yeux de l'Apparition et ce phénomène phosphénique.
Enfin, il faut rappeler ici les rapports entre ces balancements et
l'extériorisation du double, que nous avons bien souvent étudiée par
ailleurs.
3. Le balancement du corps éthérique dans l'état de mort apparente :
Monsieur Raoul Montandon, ancien président de la Société Psychique de
Genève, rapporte dans son livre La mort, cette inconnue, le cas d'un
médecin ayant été en état de mort apparente. Il avait senti sa personnalité
se rassembler comme sur des fils à l'intérieur du corps. Puis, ces fils se
mirent à se balancer, tantôt d'avant en arrière, tantôt de droite à gauche,
et sortirent du corps par suite de ce mouvement, se regroupèrent enfin
pour former le double qui lui servit à se mouvoir durant quelques instants
dans l'au-delà. Ainsi, ce mouvement de balancement, que l'on retrouve
dans les phénomènes phosphéniques, serait un rythme propre au corps
éthérique. Ceci vient à l'appui de l'hypothèse selon laquelle c'est son
propre double extériorisé que Bernadette aurait perçu.
En raison des analogies de structure entre le corps éthérique et la plante,
dont nous avons donné les multiples preuves et l'explication dans Les
Homologies, analogies du microcosme et du macrocosme, le corps
éthérique a une tendance naturelle à se balancer comme le peuplier au
vent.
4. Une indication que la vision de Bernadette était, en partie,
l'extériorisation de sa motricité :
Un autre fait en faveur de l'hypothèse que l'Apparition était dans une
certaine mesure le double de Bernadette extériorisé, est celui qui s'est
produit lors de la première apparition : Bernadette voulait faire son signe
de croix. Elle ne put porter la main à son front et dit " Elle m'est tombée ",
(abbé Laurentin, p. 40). Alors, la vision fit (pour ainsi dire à sa place) le
signe de croix.
N'est-ce pas une indication qu'un certain aspect de cette apparition
est l'extériorisation de la motricité de Bernadette, phénomène que les
spirites et métapsychistes ont fort étudié?