Chapitre 6

DEUX CAUSES CERTAINES
ET IMPORTANTES DE LA PHOSPHÉNISATION
DE LA PENSÉE DE BERNADETTE


A
Prières associées à la fixation du reflet
du soleil sur le torrent



Pour que le lecteur saisisse l'importance d'une habitude de Bernadette que je vais exposer, je suis d'abord obligé de résumer certains cas, à mon avis, comparables. Je les ai exposés en détail dans plusieurs autres de mes ouvrages, et ceux qui les connaissent déjà voudront bien m'excuser.

1. Jeux d'enfants :


Dans Le Mixage phosphénique en pédagogie, nous avons analysé en détail les effets de la fixation du reflet du soleil sur l'eau, et montré que celle-ci engendre différentes catégories de phosphènes.

Nous avons cité le cas de la poétesse Minou Drouet, qui était une enfant comme les autres, jusqu'au jour où sa mère adoptive l'a emmenée dans une maison au bord de l'océan et, au lieu de l'envoyer à l'école, l'a laissée faire ce qu'elle voulait. Minou Drouet a pris l'habitude de regarder le reflet du soleil sur l'eau pendant des journées entières ; puis, un jour, on s'est aperçu qu'elle était devenue géniale. Minou Drouet a écrit un chapitre du livre " Confidences fantastiques ", anthologie d'auteurs modernes ayant été l'objet de phénomènes psychiques, groupés par Jean- Pierre Dorian (Éditions Presses de la Cité). Dans cet ouvrage, Minou Drouet raconte plusieurs cas de voyance qu'elle a eus, et que sa mère m'avait d'ailleurs fait connaître antérieurement.

Dans Développement de la voyance par le Phosphénisme, j'ai rapporté le cas d'un pêcheur de Berck (Pas-de-Calais), à la retraite. J'ai vérifié son étonnante voyance par une quarantaine de lectures de pensées et de prédictions qu'il m'a faites. Or, il attribuait celles-ci au fait qu'il récitait sans interruption une petite litanie à Saint Côme et Saint Damien, mais il avait ajouté qu'au début, il n'était voyant que sur l'eau. Dans le même ouvrage, j'ai exposé le cas de Madame Spick, qui m'a décrit tout ce qu'il y avait eu de plus important entre mon père et moi, bien que je ne lui eusse jamais parlé de lui. L'entourage de cette dame avait constaté ses moments de voyance depuis l'âge de six ans. Entre trois et six ans, elle avait fait un tel rachitisme des membres inférieurs qu'elle en était comme paralysée. Elle habitait près d'Alger, et on la mettait sur la plage pour que le soleil la fortifie. Elle avait pris l'habitude de se distraire seule, en regardant le reflet du soleil sur l'eau toute la journée.

J'ai montré dans ce livre, en rapprochant ces cas, que lorsque le Phosphénisme est pratiqué étant enfant, les dons acquis sont considérables, et qu'il n'y a point besoin de persévérer ensuite pour les conserver. Tandis qu'après la calcification partielle de l'épiphyse, c'est-àdire vers 17 ans, il faut continuer sans trêve l'entraînement, pour obtenir des résultats qui, pour la voyance, sont alors seulement intermittents.

2. Deux cas inédits :


a) Peindre une rivière et avoir des rêves prophétiques :

Nous avons connu un peintre, Monsieur Cyril Henrard, de Liège (Belgique). Il nous a raconté avoir eu, une seule fois dans sa vie, un phénomène prophétique. C'était dans une période où il travaillait à un tableau représentant des arbres au bord de la Meuse près de Liège, ce qui l'obligeait à avoir le reflet des rayons solaires sur l'eau devant lui, une grande partie de la journée. Il n'y a donc pas besoin d'une quantité considérable d'entraînement, même involontaire, pour que la voyance s'éveille au moins par moments. Cette vision avait pour sujet les événements qui ont accompagné le retour du roi de Belgique après la guerre. Cette prémonition s'est réalisée parfaitement, dans tous ses détails. Certes, il ne s'agit pas d'un don de voyance, comme il en survient chez ceux qui ont pratiqué, sans le savoir, le mixage phosphénique étant enfant.

b) Un étudiant phosphénise accidentellement sans le savoir
et reste étonné des facilités que cela lui donne :

Terminons par un exemple très simple qui éclairera bien notre argumentation. À l'île de la Réunion, nous avons connu un jeune homme qui était le directeur du Centre Culturel de la Jeunesse de la ville de Saint- Paul. Il nous a dit que c'est en écoutant notre conférence qu'il avait compris ce qui s'était passé pendant une certaine période de sa vie, et qui l'intriguait beaucoup : durant une année entière, il s'était senti très heureux, d'un bonheur spécial, presque mystique. De plus, durant cette année, il apprenait avec une grande facilité. Le jour de l'examen, ses souvenirs sur les questions posées lui étaient revenus sous forme de visions pendant l'écrit. Les années suivantes, il n'avait pas ressenti cet état. Il en souffrait et aurait voulu savoir le reproduire. Il n'avait pas non plus retrouvé ces facilités de travail, ni les souvenirs de ce qu'il apprenait lui revenant sous forme de visions. Or, durant cette année qui fut pour lui spéciale, et seulement celle-là, il disposait d'une chambre sans fenêtre où il était seul, et travaillait avec une forte lampe de bureau.

Pour avoir une meilleure concentration, il éteignait d'instinct quelques instants, chaque fois qu'il voulait se réciter mentalement un passage de son texte. Mais il ne portait pas attention au phosphène. Pourtant, à posteriori, il constate que l'éclairage était tel qu'un phosphène de sa lampe de bureau se formait à chaque fois qu'il éteignait.

On retrouve dans tous ces exemples, au fond, tous les éléments qui ont provoqué les phénomènes de Lourdes : le mixage phosphénique involontaire ; un état psychologique spécial que le sujet cherche à reproduire. Et s'il retrouve des circonstances analogues recréant cette joie, même si ces circonstances se présentent très différemment, il en suivra le fil. Notons ici, l'utilisation pour les examens de la pensée transformée en vision par la phosphénisation.

3. Bernadette et les herbes à la dérive :


Revenons à l'objet de notre étude. Nous relevons dans Lourdes, sa bienheureuse, son curé, par un chanoine de Cambrai :

" ... Puis, elle s'amusait toute seule... elle jouait avec les plantes et les fleurs qu'elle cueillait çà et là, avec l'eau des ruisseaux OÙ ELLE JETAIT ET SUIVAIT DE L'OEIL D'IMMENSES FLOTTES DE BRINS D'HERBES". Ceci, bien entendu, tout en continuant à réciter des chapelets. Nous sommes ici, très probablement, au coeur du problème.
Ce deuxième et dernier jeu que nous lui connaissons, associé à la récitation du chapelet, suffirait à lui seul, à expliquer les apparitions.

Ainsi, Bernadette, cette enfant seule dans la montagne joue, lorsqu'elle a fini de garder les moutons, à suivre du regard des brins qu'elle jette dans l'eau. Du moins, c'est ce qu'ont vu les observateurs extérieurs. Voilà qui rappelle le cas de notre peintre. Mais bien probablement, ce geste distrait est destiné à rompre quelque peu la monotonie de son véritable jeu : suivre les méandres et les admirables formes géométriques qui apparaissent parfois lors de cette fixation prolongée durant quelques minutes seulement.

Enfant plutôt simplette, d'après tous les témoignages, cette fixation de l'eau fut son grand jeu après le travail. Cette habitude est plus que largement suffisante pour expliquer son don de voyance. Celui-ci a été d'ailleurs limité à quelques apparitions ; à une lecture de pensée, sorte de télépathie avec le Pape qu'elle vénérait beaucoup ; et à quelques rares faits observés plus tard à Nevers, certains rapportés par l'Abbé Laurentin. Nous en avons connu, comme ce pêcheur de Berck qui, pour avoir eu la même habitude, en avaient conservé une voyance bien plus grande. Il a fallu ensuite un contexte politico-social et historique particulier pour qu'un cas de voyance par le Phosphénisme, semblable à tant d'autres pour ne pas dire souvent inférieur, prenne par la suite une importance pareille.

4. Lors de la première apparition, rôle déclenchant possible d'un reflet :


N'oublions pas non plus que, lors de la première apparition, elle venait d'ôter un premier bas pour se préparer à traverser le Gave pieds nus. Au moment suprême, un dernier reflet sur l'eau a pu jouer un rôle déclenchant, ce qui est fréquent dans les visions consécutives à la pratique du Phosphénisme.
Un cas de ce genre est rapporté par Camille Flammarion, cité par Jagot dans Traité théorique et pratique de la clairvoyance, (B.N. R 74924). Un homme qui ne s'était jamais intéressé aux questions psychiques, entre dans un restaurant en poussant la porte vitrée. Le mouvement de cette porte a pour effet de lui projeter dans les yeux le reflet d'un vif rayon du soleil. À cet instant précis, il voit dans le reflet, l'image d'un parent à qui il n'avait pas pensé depuis bien longtemps. Très peu de jours après, il apprend que ce parent est décédé à l'instant où il avait eu cette vision.

5. Pourquoi la lumière polarisée favoriserait-elle la voyance?


J'ai relevé tant de cas de dons de voyance développés par la lumière réfléchie, surtout sur l'eau, que dans Développement de la voyance par le Phosphénisme, j'ai posé la question de savoir si le fait que la lumière soit polarisée ne rendait pas plus actifs les exercices de mixage phosphénique. En effet, toute lumière réfléchie est polarisée...
Ici, on ajoute une tentative d'explication de ce fait étrange.

a) Lumière polarisée et corde à sauter :

Rappelons par une image simple ce qu'est la lumière polarisée : supposons deux enfants qui tiennent une corde à sauter. L'un va décrire des cercles avec sa main. L'onde va arriver à l'autre enfant par un mouvement en tire-bouchon. C'est la lumière ordinaire.

Mais si entre les deux enfants, on interpose deux planches parallèles assez proches l'une de l'autre, après avoir franchi ce passage, la corde battra dans un seul plan. C'est la lumière polarisée. Ce phénomène a été découvert par Malus en 1808.

b) Les lois de la polarisation qui nous intéressent en recherche spirituelle :

Or, nous trouvons dans un "Extrait du Bulletin d'Information Technique et Scientifique ", N° 34 b, d'octobre 1951, un article du colonel Lesprit (B.N. 4-8 R-55.200) intitulé : "ESSOR DE LA POLARISATION", qui contient des enseignements du plus haut intérêt pour nous. Il nous dit en effet :

1° La polarisation est perpendiculaire au plan d'incidence. (Voir ce que signifie exactement ceci à la remarque en fin de paragraphe). Il en résulte que si l'on se tourne vers le soleil et que l'on regarde son reflet sur l'eau, la polarisation sera horizontale (ne pas confondre avec la direction du rayon lumineux reçu, qui est évidemment oblique).


2° " La lumière polarisée horizontale est éblouissante. Celle qui est verticale ne l'est pas ". (Il existe des applications pratiques de cette constatation)...


c) Le lien entre la polarisation horizontale et la voyance :
L'éblouissement est un phénomène subjectif. Il se déroule exclusivement dans le corps et dans la conscience de l'homme. Donc, nous voyons que la polarisation horizontale agit sur la conscience, mais non la verticale. Or le post-phosphène consécutif à la fixation d'une source lumineuse à travers un verre polarisant horizontalement est plus lumineux, plus grand, et plus allongé verticalement que lorsque l'axe de polarisation du verre est vertical. Voilà qui indique clairement que l'éblouissement est lié à un cophosphène. Pas étonnant, donc, que la polarisation horizontale de la lumière agisse sur le psychisme davantage que celle de la direction verticale. Comme nous savons que la voyance et les phosphènes sont liés l'un à l'autre, nous comprenons pourquoi la lumière polarisée horizontalement, donc le reflet du soleil sur l'eau, favorise cette faculté.

De plus, l'action favorisante sur la voyance, de cette oscillation horizontale de la lumière (dont l'onde va ainsi de droite à gauche), rappelle l'importance pour le développement cérébral en général, et plus spécialement celui orienté vers cette faculté, des balancements de tête latéraux, des éclairages alternativement droite-gauche par les différents appareils : alternoscope, cervoscope, synchroscope, et par l'audition d'un son alternativement par l'oreille droite et gauche.

Minou Drouet, enfant, abandonnée à elle-même sur la plage durant des journées entières, passait, nous l'avons dit bien des fois, la plus grande partie de son temps à regarder le reflet du soleil sur l'eau, tout en balançant la tête de droite à gauche, d'instinct sans que personne lui ait jamais appris cet exercice. Serait-ce la polarisation horizontale de la lumière, dont chaque onde oscille de droite à gauche, qui provoquerait une résonance dans le cerveau, à une octave bien supérieure, qui entraînerait ce balancement ?

Concluons ces observations par un conseil pratique : comme tout le développement spirituel, et en particulier celui qui s'appuie sur le Phosphénisme, doit être agréable et harmonieux, lorsque l'on décide d'utiliser la lumière polarisée horizontalement pour ces exercices de mixage, il convient de choisir les intensités lumineuses et des conditions telles, que le reflet sur un eau mouvante ne provoque pas un éblouissement jusqu'à en être pénible.

Remarque : pour les lecteurs qui désirent plus de précisions sur la notion de « polarisation horizontale » dans ses rapports avec nos exercices, nous rappellerons que le plan d'incidence est celui qui contient le rayon lumineux incident (projeté sur la surface réfléchissante) et le rayon réfléchi. Donc pour un sujet qui est tourné face au soleil debout ou assis, mais regarde son reflet dans l'eau, ce plan d'incidence est celui qui passe par le soleil et par le plan médian du sujet. Ce plan est donc, dans ce cas, vertical.

Le plan d'eau, ou du miroir, s'appelle plan de réflexion. La direction perpendiculaire au plan d'incidence vertical, c'est-à-dire celle des vibrations de la lumière, (comme pour notre corde à sauter qui est passée entre deux planches) sera donc bien horizontale, bien que la direction d'ensemble du rayon lumineux réfléchi ne soit évidemment pas horizontale ; tout comme nos deux enfants peuvent avoir des tailles très différentes : l'axe de la corde restera en pente, bien que ses oscillations continuent à se faire par le plan passant entre les planches, (que, pour émettre le cas ci-dessus, nous aurons placées horizontalement).

Cette oscillation horizontale passera par le grand axe horizontal de la partie sensible de la rétine, bien symétriquement, pourvu que la source lumineuse soit dans le plan vertical passant par l'axe de symétrie du corps humain, ce qu'il est facile d'obtenir avec un miroir placé devant soi, même si le miroir n'est pas horizontal, pourvu qu'il soit placé perpendiculairement au plan médian du sujet, en face de lui.

Par contre, s'il est de côté, le plan d'incidence joignant le soleil, le point de réflexion et l'oeil, ne sera plus vertical ; et donc la polarisation qui lui sera encore perpendiculaire sera oblique sur l'horizontale.

En résumé, pour regarder le reflet du soleil sur une eau présentant un clapotis, se placer bien en face du soleil. Mais sur cette ligne médiane, le regard peut se déplacer d'avant en arrière : la polarisation reste horizontale. Néanmoins, nous rappelons que pour que les phosphènes liés aux reflets apparaissent, l'oeil doit rester immobile. Si l'on regarde le reflet mouvant du soleil sur l'eau, sans y fixer un point précis, les ondes lumineuses polarisées horizontales seront réparties d'une façon plus homogène sur la partie sensible de la rétine.
Voilà ce qu'il suffit de connaître de la géométrie optique de la polarisation, pour nos entraînements.

Bien évidemment, si au lieu de regarder le reflet du soleil sur l'eau, en étant debout ou assis face à lui, on se couche sur un côté, comme on le fait souvent à la plage, la tête restant dans l'axe du corps, physiologiquement cela reviendra au même que la polarisation verticale, puisque l'oscillation des ondes lumineuses sera parallèle au plan médian du sujet. Cette position serait en harmonie avec les différentes variétés de balancements mentaux antéropostérieurs, et de ceux selon l'axe du corps.

d) Laser + polarisateur horizontal + méditation :
une expérience à tenter :

Ces considérations nous conduisent à concevoir une expérience qui consisterait à transférer sur les ondes lumineuses le principe des oscillations cérébrales transversales qui joue un rôle majeur dans ce qu'il est convenu d'appeler « le développement spirituel. »

Supposons deux rangées parallèles d'une dizaine d'enfants, se faisant visà- vis, à quelques mètres. Chaque couple d'enfants face à face tient la même corde. Si ces enfants agitent leurs mains, non pas en rotation, mais de droite à gauche seulement, bien horizontalement, l'ensemble des mouvements des cordes sera semblable à la lumière polarisée horizontalement. Si les rythmes de chaque couple d'enfants sont différents, le mouvement d'ensemble des cordes sera comparable à de la lumière blanche polarisée (comprenant de multiples longueurs d'ondes polarisées horizontalement).

Si c'est à la même vitesse que les enfants font osciller la corde, mais chacun sans tenir compte du mouvement du voisin, par exemple l'un lançant la main à droite quand l'autre la lance à gauche, l'ensemble des mouvements des cordes sera comparable à de la lumière monochromatique (une seule couleur pure, donc une seule longueur d'onde), polarisée horizontalement.

Mais si sur un signal les enfants lancent tous en même temps la main à droite, puis à gauche et ainsi de suite, LE MOUVEMENT DE L'ENSEMBLE DES CORDES SERA SEMBLABLE À CELUI D'UNE LUMIÈRE POLARISÉE APRÈS ÉMISSION PAR UN LASER, c'est-à-dire que ce mouvement correspondra à celui des ondes synchronisées, en plus de la polarisation.

Ce qui, pour pousser plus loin la comparaison, est réalisable ainsi : entre les deux rangées d'enfants, on place deux planches parallèles horizontales, les cordes traversant l'interstice entre elles ; ces planches sont l'équivalent du polarisateur.
Une sonnerie donne le signal aux enfants d'une rangée, de telle sorte que leurs mains décrivent un cercle de même dimension pour tous, et où elles seront pour chacun d'eux au même angle horaire au même moment. Ils tourneront donc à la même vitesse et seront tous au même angle par rapport à la verticale.

Cette rangée d'enfants est l'équivalent du laser, les deux planches horizontales, l'équivalent du polarisateur. Les mouvements des cordes audelà des planches seront en même temps horizontaux et, au même moment tous à droite en même temps, et puis tous à gauche simultanément. Ce sont des ondes synchronisées qui, lorsqu'il s'agit de vagues d'ondes acoustiques ou lumineuse, additionnent leurs énergies au lieu de s'entredétruire plus ou moins.

Si donc, nous méditions devant une lumière produite par un laser (de très faible énergie, évidemment, pour un pas abîmer la rétine) qui aura ensuite traversé un polarisateur horizontal, nous ajouterions une oscillation horizontale dans notre cerveau, au niveau des mécanismes de la pensée, onde qui par sa synchronisation aurait une puissance immense, et par sa direction transversale à travers notre organisme serait en rapport avec l'éveil de la voyance et l'accès aux mondes invisibles, à condition, nous le répétons, de méditer en même temps.
Pourquoi ne pas tenter l'expérience ?

B
Récitation du chapelet aux approches du sommeil,
tout en fixant la flamme du foyer
de sa chambre à coucher.


Enfin, voici le quatrième fait très important qui rendait à Bernadette le mixage phosphénique particulièrement facile. Dans la chambre de son habitation de Lourdes dite « Le Cachot », (non seulement parce qu'elle était petite, mais aussi parce que c'était une cellule de l'ancienne prison), son lit était disposé de telle sorte que, de son oreiller, elle pouvait voir toute la grande cheminée qui était à environ deux mètres cinquante de sa tête. Chacun peut le constater, car cette pièce se visite par l'arrière boutique d'un magasin d'objets de piété, situé rue de la Grotte. Ces locaux appartiennent encore à un membre de sa famille proche, le docteur Soubirous. Il nous a fait savoir que lors de ses jours de repos, Bernadette descendait de Bartrès, où elle était bergère, pour habiter là, chez ses parents. Il y a actuellement un écriteau sur ce lit portant l'inscription : « Lit de Bernadette ». Les deux autres lits qui sont dans la pièce, et dont les attributions sont précisées sur les inscription, sont disposés de telle sorte que, de la tête du lit, on ne peut voir qu'un petit angle de la cheminée. Il n'y a que de la tête du lit où couchait Bernadette que l'on peut voir toute la cheminée et surtout son foyer.

Photo de la Chambre de Bernadette à Lourdes. À gauche, on remarque le lit, le traversin et sur ce dernier, l'écriteau indiquant que c’était le sien. À droite, sous les portraits de famille, la grande cheminée qu’elle pouvait voir facilement en s’endormant.

Chambre de Bernadette à Lourdes. À gauche, on remarque le lit,
le traversin et sur ce dernier, l'écriteau indiquant que c'était le sien.
À droite, sous les portraits de famille, la grande cheminée qu'elle
pouvait voir facilement en s'endormant.



Photo de la Chambre à Bartrès où il est possible que Bernadette ait habité. On y voit le lit et la grande cheminée de campagne.

Chambre à Bartrès où il est possible que Bernadette ait habité.
On y voit le lit et la grande cheminée de campagne.



C'est là un fait qui prend toute son importance quand on se souvient qu'elle récitait son chapelet presque toute la journée et par conséquent, plus spécialement en s'endormant, comme c'était l'habitude en ces temps où cette forme de la vie religieuse était plus répandue.

Le pré-sommeil est un état particulier qui porte aux manifestations rythmiques, comme le prouvent les observations d'enfants qui s'endorment fréquemment en balançant la tête de droite à gauche. Si on les interroge sur ce qui se passe dans leur pensée en même temps, certains décrivent des états mentaux rythmiques, parfois même accompagnés de flots de visions, un " cinéma dans la tête ", comme a répondu un enfant de sept ans à son père qui voulait l'empêcher de se balancer, alors que l'enfant voulait continuer à provoquer ce défilé d'images.

Rappelons que le feu donne plusieurs catégories de phosphènes : le cophosphène ordinaire, (voir Le Mixage phosphénique en pédagogie) ; le cophosphène par traînées dues au déplacement de la flamme. De plus, tout en priant, il est instinctif de fixer une flamme que les courants d'air agitent, puis par moments de fermer les yeux pour faciliter la concentration. On fait alors un mixage dans le post-phosphène sans le savoir. Cet ensemble, à lui seul, serait bien suffisant pour expliquer les perceptions spirituelles de Bernadette, indépendamment des autres causes que nous avons évoquées. Rappelons que les sorciers pygmées fixent une flamme pour voir le terrain giboyeux et il arrive souvent qu'un explorateur, à côté d'eux, ait la même vision au même moment.

Ce fait est dû à la très grande transmissibilité télépathique de tous les phénomènes phosphéniques et, par conséquent, de la pensée dans le phosphène. Par exemple, au cours des séances de mixage phosphénique en commun, il arrive souvent que plusieurs personnes aient la même vision au même moment. À eux seuls, ces mixages de la récitation du chapelet dans les diverses catégories de phosphènes dues à la flamme, expliquent les dons de télépathie dont Bernadette a fait preuve lorsqu'elle a lu dans la pensée du Pape l'expression " Immaculée conception ". De multiples expériences prouvent que des faits de ce genre sont très faciles à provoquer. Il ne faut surtout pas objecter que Bernadette avait des visions, alors que d'autres enfants vivant peut-être dans des conditions un peu semblables, n'en avaient pas. Car c'est vouloir oublier que l'abbé Peyramale, le grand et habile chef d'orchestre de l'affaire de Lourdes, a fait taire certains de ces enfants qui, eux aussi, disaient qu'ils avaient des visions.

C'est d'ailleurs un processus assez semblable à celui de Fatima. D'après les oeuvres du chanoine Barthas qui a fait la plus remarquable enquête, déjà plusieurs années avant Fatima, une quinzaine d'enfants jouaient à provoquer des visions. En somme, ils avaient formé leur petite société de parapsychologie comme on dirait depuis l'américanisation. Il est probable que des enquêtes sur ce point, dans les villages, auraient montré que c'était extrêmement courant. À Fatima aussi, l'Église a poussé en avant les expériences qui étaient le plus à son avantage.

Ainsi sont réunies quatre raisons majeures susceptibles d'avoir entraîné Bernadette à la pratique instinctive du mixage phosphénique durant la récitation de ses chapelets :

1° L'orientation plein sud de son lieu de travail, avec de plus, vue très dégagée vers le soleil levant et couchant.

2° Les brumes des Pyrénées rendues très brillantes par le soleil qui les surplombe.

3° Le reflet du soleil sur l'eau, pendant que tout en priant elle jouait à y suivre la dérive des brindilles ; la flamme de la cheminée proche de la tête de son lit.


Ajoutons que, lorsque l'on a ressenti la joie particulière, subtile et profonde, provoquée par le mélange, même involontaire, de la pensée avec une seule des différentes sources possibles des phosphènes, c'est comme si l'on avait en main l'extrémité d'un fil conducteur. Il vous fait retrouver ce plaisir dans des circonstances où il est moins évident, c'està- dire où la combinaison entre la pensée et le phosphène (qui libère l'énergie créant cette joie), est plus lente à se manifester.
Par exemple, dans le cas présent, le plus vraisemblable est que l'amorçage ait été provoqué par la fixation de la flamme de la cheminée, pendant qu'elle s'endormait en récitant sa prière. Ensuite, instinctivement, elle recherchait dans son travail et ses jeux, les circonstances lui donnant une joie de même nature.

D'après ce que nous connaissons maintenant des phénomènes phosphéniques, ce qui aurait été surprenant, c'est qu'elle n'ait pas eu de visions dans les conditions où elle vivait. Mais il y a eu des circonstances caractérielles, géographiques et historiques qui ont enflé considérablement des phénomènes dont on constate qu'ils sont assez courants quand on veut bien se donner la peine de les rechercher dans les populations rurales. Les visions d'origine phosphénique de Bernadette ont servi de germe de cristallisation pour les forces psychologiques et politiques des foules, à cette époque. Ce rôle de " germe de cristallisation " des événements latents importants que possède le Phosphénisme est d'ailleurs un des éléments considérables de cette énergie particulière. Nous étudierons plus loin les circonstances en rapport avec le succès de Lourdes.

C
Le doute à posteriori sur ses propres apparitions,
un caractère phosphénique en plus.


Voici maintenant une autre indication en faveur de l'origine phosphénique de ces apparitions, bien qu'à priori il semblerait que ce soit le contraire.

Les auteurs athées, de même que l'abbé Laurentin, sont d'accord sur le point suivant : vers la fin de ses jours, Bernadette perdait progressivement le souvenir de ses apparitions.

Cela venait probablement du fait que, dans son couvent, elle ne pratiquait plus le "mixage phosphénique sans le savoir", comme lorsqu'elle était bergère. Elle ne se replaçait donc pas dans l'état spécial provoqué par cette habitude.

Je m'appuie, pour émettre cette hypothèse, sur mon expérience personnelle. Dans le tome II de Expériences initiatiques, je raconte que j'ai eu des visions d'anges et du Christ, sous l'effet de l'imposition des mains de mon maître zoroastrien Arthème Galip. Or, le souvenir s'en atténuait de plus en plus, et je m'éloignais progressivement d'une façon de vivre en conformité avec la beauté et la grandeur de ces visions, au fur et à mesure que le temps passait. Les exercices que je pratiquais alors et que je croyais spirituels, ne reposaient pas sur une base sérieuse mais, au contraire, certains d'entre eux étaient malfaisants.

Par contre, à partir du moment où j'ai commencé à pratiquer le mixage phosphénique, les souvenirs de ces visions me sont revenus de plus en plus vifs, vivants, et ils sont de plus en plus constamment présents à mon esprit. Je pense donc que c'est parce que Galip avait reçu un influx, formé par des générations de zoroastriens qui priaient en fixant tantôt une flamme, tantôt le soleil, qu'il a pu me transmettre un tel élan sans en comprendre la cause. D'où la sottise de certains des exercices qu'il m'a donnés sur un ton de rude autorité, et dans lesquels, pour mon malheur, j'ai eu longtemps la foi du charbonnier.

Mais si les foules de Lourdes prient désormais dans un phosphène, en pleine compréhension du mécanisme, la force spirituelle qui en résultera surpassera vite tout ce qui a été réalisé jusqu'ici sur notre planète.

EN RÉSUMÉ :
Dans une large mesure, c'est parce que Bernadette pensait très fréquemment à la Vierge et phosphénisait sa pensée sans le savoir, qu'elle lui est revenue sous forme de visions. Ceci n'exclut pas l'intervention d'une manifestation spirituelle extérieure à elle, à travers cette densification phosphénique de la pensée, tout comme un homme ne peut se manifester aux poissons des profondeurs qu'à travers un scaphandre. Il y a peut-être des esprits qui ont besoin de la substance phosphénique sécrétée par le cerveau humain pour pouvoir se manifester à nous.

Quelle que soit l'interprétation, matérielle ou spirituelle, que l'on admette de la participation phosphénique à ces apparitions, ce qu'il y a de certain c'est que la connaissance de son mécanisme met leur répétition à la portée de tous, sous des aspects bien entendu infiniment variés.