Chapitre 1
EXERCICES MENTAUX DE LA CONCENTRATION
SUR LE NOMBRIL
A
Cordon ombilical et monde végétal
Il est évidemment fructueux de méditer sur l'aspect féminin de la divinité
ou, si l'on préfère, du cosmos. Il va de soi que cette méditation est liée à
la concentration sur le nombril, ce que l'on retrouve chez les Chrétiens
orthodoxes du mont Athos. Le rapprochement avec les connaissances
biologiques modernes rend cette méditation plus facile et plus efficace.
Nous avons vu que pour le foetus, la mère tient lieu de biosphère et que
chez l'adulte, chimiquement, c'est principalement la végétation qui
remplace la mère. Nous avons également vu que les océans contiennent
les différents sels du plasma sanguin. L'on admet souvent que ce n'est pas
une coïncidence parce que même les mammifères descendent d'animaux
marins. L'ensemble de la "biosphère" (c'est-à-dire des êtres vivants qui
forment une mince pellicule à la surface de notre planète), et des corps
minéraux grâce auxquels ils vivent, peut donc être appelée "Notre Mère
la Terre " en raison de l'équivalence entre la mère qui nourrit le foetus par
le cordon ombilical, et la végétation qui nourrit les êtres vivants, aussi
bien en oxygène que de sa substance propre.
Les enseignements qui dérivent de l'hindouisme, comme la Théosophie,
admettent qu'en plus du corps physique, les végétaux possèdent un corps
subtil, nommé corps éthérique, ce qui n'est pas le cas des minéraux. Mais
les végétaux partagent cette prérogative avec les animaux et les hommes
qui, eux, ont d'autres corps de plus en plus subtils que ne possèdent pas
les animaux.
Entrer en contact avec "Notre Mère la Terre", c'est donc entrer en contact
avec l'aspect spirituel du monde végétal, invisible aux yeux physiques, et
avec la première densité dans laquelle se déroule l'examen de conscience
après la mort, ce que l'on appelle le "plan éthérique", qui précède l'envol
vers le plan astral ou mental.
B
L'enfant et son nombril
D'autre part, on peut émettre l'hypothèse que plus un organe est actif chez
l'embryon mais s'atrophie avec la croissance plus, par compensation, il
prend d'importance sur le plan spirituel. Un fait bien connu montre cette
transposition progressive de l'importance physique du nombril, au
psychique : demandez à un jeune enfant qui commence à peine à pouvoir
dessiner, de représenter un bonhomme. Le plus souvent, il le représentera
sans vêtement, mais il n'oubliera pas de dessiner le nombril. Pourquoi ?
L'enfant vit tout aussi habillé que l'adulte et, à cet âge, ne se regarde pas
dans un miroir ; il n'a donc plus l'occasion de porter particulièrement
attention à cet organe. L'importance qu'il lui attribue ne peut guère venir
que du vague souvenir qu'absolument toute sa vie dépendait de lui quand
il était encore dans le ventre de sa mère.
C
La Terre est une cellule vivante
Or, l'organe embryonnaire atrophié dont nous avons le plus facilement
conscience est le nombril. Avec un peu d'attention, on le discerne très
bien sans avoir besoin d'y porter la main ni même de le regarder. La
concentration sur le nombril est donc d'une extrême importance. C'est
elle qui nous met directement en relation avec l'aspect spirituel de Notre
Mère la Terre, ou si l'on préfère, l'âme de notre planète. Papus avait
développé des arguments montrant que notre planète possède une
structure très comparable à celle d'un être vivant et, dans L'Initiation de
Pietro, j'ai ajouté quelques raisons supplémentaires pour admettre ce
point de vue. Si celui-ci est exact, chacun de nous est comme une cellule
de cet être vivant qu'est le corps céleste sur lequel nous vivons, mais qui
lui aussi possède une conscience, bien que sous une forme si différente de
la nôtre que nous ne pouvons guère la concevoir. Pourtant, par le centre
spirituel du nombril, nous rentrons en communication principalement
avec l'aspect spirituel de la végétation, ce que les théosophes appellent le
plan éthérique. Nous entrons également en contact avec l'âme de notre
planète, comme le foetus assure ses échanges avec sa mère par le nombril.
D
Technique de la concentration sur le nombril
Comment réaliser pratiquement cette concentration sur le nombril,
dans le but d'unir son âme à celle de "Notre Mère la Terre" ?
Pour cela, on s'aidera de la visualisation la plus commode : par exemple,
on se représentera des étincelles qui apparaissent aux extrémités des
membres, parcourent tout le corps jusqu'au nombril où elles se réunissent,
formant un courant qui sort par cet orifice spirituel, réalisant ainsi un
cordon lumineux qui s'élève vers le ciel, puis s'y épanouit largement, tout
comme les vaisseaux du foetus se dispersent dans le placenta. Il existe une
tradition relative à la " corde d'argent ". Elle relierait le corps éthérique,
c'est-à-dire le plus dense des corps subtils, au corps physique qu'elle
rejoindrait par le nombril. Il semble bien que cette corde d'argent soit ce
qui reste sur le plan éthérique du cordon ombilical.
Au cours d'états de mort apparente avec, ensuite, conservation de certains
souvenirs, et également après certains dédoublements, des sujets ont
raconté avoir perçu cette " corde d'argent ". Il est aussi fait allusion à ce
lien entre l'esprit et le corps, dans un célèbre texte publié par la société
théosophique : " La Voix du Silence ".
D'autres se représentent des vagues de lumière partant de différentes
régions de la peau pour se regrouper au nombril et sortir par lui ; ou même
des myriades de petits bonshommes minuscules, qui sont comme le reflet
du sujet dans chacune de ses cellules. Ces myriades de lutins se détachent
des différentes régions du corps, pour se diriger vers le nombril et sortir
par lui.
E
Rapport entre nombril et sommeil
On remarquera qu'il y a un état de conscience de l'adulte qui rappelle
l'état foetal : c'est le sommeil. Le nouveau-né dort presque toute la journée
et, s'il semble bien que le foetus connaisse des mouvements d'éveil vers
la fin de la grossesse, il est bien certain que presque tout son temps se
passe dans le sommeil. Donc, il y a un certain rapport entre la
concentration sur le nombril et le sommeil. En conséquence, c'est en
s'endormant qu'il faut chercher à projeter son esprit à l'extérieur,
par le nombril.
Le matin, au réveil, il est souhaitable de se représenter le mouvement
inverse quelques instants, sinon l'exercice n'étant pas équilibré, on ne
saurait y persévérer.
Les effets de cet exercice sont très curieux. Tout d'abord, il donne très
facilement l'impression à l'expérimentateur d'être parfaitement sorti du
corps, mais au début par fractions de secondes seulement. Parfois, on se
sent identifié non pas à un double ayant forme de corps humain, mais à un
nuage blanchâtre plus ou moins irrégulier au-dessus du corps physique.
Mais le plus intéressant est ce qui se passe le lendemain, le plus souvent
dans le courant de la matinée : il vous vient brusquement un ensemble
d'idées plus claires, plus logiques sur des problèmes qui vous préoccupent
depuis longtemps. Il vous semble que des évidences vous avaient échappé
jusqu'à ce jour, parce que vous ne surplombiez pas le problème d'assez
haut et que la nuit, dans la période de sommeil profond, sans rêve, vous
avez été réveillé sur un plan supérieur, celui où l'on est conscient avant de
naître. C'est comme un souvenir de ce que vous avez perçu dans ce plan
au sujet de vos problèmes, qui vous revient. De grands éclaircissements
sur la conduite de l'existence peuvent être reçus par cette voie.
On remarquera bien des choses curieuses : par exemple, si l'on s'endort
en pratiquant cette concentration sur le nombril, on rêve très souvent
d'eau, ou même que l'on est sur un bateau. C'est vraisemblablement un
souvenir confus que, dans les temps où le nombril était l'élément vital de
notre existence, nous baignions dans le liquide amniotique.
Vers 1950, dans un gros dictionnaire en deux volumes, dont j'ai négligé,
à l'époque, de relever la référence, j'ai remarqué une très belle gravure
dont la légende précisait qu'elle représentait une déesse hindoue
DORMANT nue dans une forêt. De son nombril sortait un tronc d'arbre
dont les racines divergeaient à partir du nombril pour s'établir partout à
l'intérieur du corps.
C'est là un thème très intéressant qui montre que, non seulement les
hindous avaient compris le rapport entre le nombril et la vie végétative,
mais également celui entre cet organe et le sommeil. On ne peut trouver
méditation qui exprime mieux le lien entre le nombril et la vie végétative
du corps du foetus. Il nous reste, à l'état adulte, la possibilité d'entrer en
communication avec l'aspect spirituel du monde végétal par des
méditations appropriées sur le centre spirituel du nombril.