Chapitre 2

DANS LA SOLITUDE, BERNADETTE RÉCITE
CONTINUELLEMENT LE CHAPELET


Nous relevons ensuite que Bernadette fut placée chez son ancienne nourrice comme bergère. Celle-ci avait perdu un fils et avait reporté toute son affection sur Bernadette. Ceci nous apparaît comme très important, car aucune force spirituelle ne peut s'épanouir sans une ambiance d'amour. Plus important encore, nous remarquons que dans ce village de Bartrès où elle était bergère, elle était seule pratiquement toute la journée, non seulement pendant son travail, mais aussi dans ses jeux.

Cette solitude est déjà un élément nécessaire pour l'épanouissement de la personnalité : une cellule d'embryon, qui n'aurait donné naissance qu'à une partie d'organe si elle était restée sur cet embryon, peut engendrer un individu complet si elle est isolée des cellules voisines qui tempèrent la multiplication de sa descendance. Cette enfant qui, d'après tous les témoignages, ne serait probablement devenue qu'une écolière légèrement attardée si elle avait subi l'éducation commune, a pu engendrer un renouvellement de la vie spirituelle de son époque parce qu'elle a vécu dans la solitude tous les jours, à partir du moment où elle a été mise en nourrice à Bartrès.

Cette solitude est le préalable nécessaire pour pouvoir cultiver dans sa vie intérieure les rythmes qui conduisent à la perception spirituelle, à condition de les amplifier après les avoir pressentis. OR, BERNADETTE RÉCITAIT SON CHAPELET "PARTOUT, À TOUTE HEURE".

Le sens inné du rythme chez les enfants les porte vers le rythme de deux secondes, par une pente naturelle de l'esprit. Nous avons montré par ailleurs, dans L'Exploration du cerveau par l'alternance des phosphènes doubles, que ce rythme est comme celui de la marée cérébrale, qui est déclenchée par divers modes d'excitation, mais la réponse cérébrale est toujours la même. Dans Le Yoga de deux secondes, nous avons montré comment utiliser cette propriété de la substance cérébrale, en donnant aux images mentales visuelles les plus simples que l'on puisse concevoir, une impulsion rythmique toutes les deux secondes. Les litanies, les prières, la récitation purement mentale du chapelet, peuvent être mises en résonance instinctivement sur ce rythme, le temps fort de la pensée étant marqué toutes les deux secondes. Alors se déclenchent les phénomènes que l'on appelle maintenant parapsychologiques, avec une facilité qui étonne. Bien entendu, les résultats sont plus ou moins importants selon l'application et l'entraînement.

Il m'est arrivé quelque chose de curieux quand j'avais douze ans et qui prouve bien, qu'après tout, la récitation mentale du chapelet est un moyen comme un autre de développer des facultés psychiques. En effet, à l'âge de douze ans, vers la fin du printemps, j'ai eu subitement la tocade de réciter trois chapelets tous les soirs. Je me mettais même debout sur le lit. Ceci dura un mois et passa tout aussi subitement. Je ne puis que regretter maintenant cette absence de persévérance.

En effet, bien des années après, regroupant mes souvenirs, je me suis aperçu que vers la fin de cette période, après la récitation des chapelets, je me couchais et en attendant le sommeil, je me projetais en esprit hors du corps, exercice dont je n'avais jamais entendu parler à cette époque.

Je ne pense pas que ce soient les êtres que j'évoquais dans ma prière qui intervenaient. Toutes les expériences que j'ai faites depuis, prouvent que c'est le rythme de la pensée pendant la récitation du chapelet, qui tend à décoller l'âme du corps. De même, si une pièce de bois et une pièce de fer sont collées et si l'on fait vibrer la pièce de fer, celle-ci va se décoller du bois.

Lorsque l'on a bien saisi cela, on peut perfectionner la méthode en inventant des prières et des récitations dans lesquelles le rythme est plus franc, plus facile à respecter que dans les prières conventionnelles. (C'est ce que nous avons cherché dans OM, le Nom naturel de Dieu, et les Mantras, ainsi que dans Développement des pouvoirs supra-normaux de l'Esprit, et dans la deuxième partie du Pneumophène ou la Respiration qui ouvre les portes de l'Au-Delà).