Chapitre 12

CARACTÉRISTIQUES PHOSPHÉNIQUES
DES VISIONS DE BERNADETTE,
ANALOGIE AVEC LES FAITS DE FATIMA.


Certains détails des apparitions de Lourdes sont très caractéristiques des phénomènes phosphéniques.

1. Notre lueur diffuse avant et après chaque apparition :


C'est ainsi que Bernadette déclare : " Je vois la lumière d'abord, et ensuite la dame. Quand la vision cesse, c'est la dame qui disparaît la première et la lumière en second lieu ". (Lourdes, sa bienheureuse et son curé, par un chanoine de Cambrai. Librairie de l'Oeuvre St Charles ; Bruges, Belgique ; p. 33).
Jusqu'à la dernière apparition, il en fut ainsi : "L'auréole, comme de coutume, demeura encore quelques secondes, puis s'effaça insensiblement, pareille à une brume lumineuse qui se fond et disparaît dans l'air ".

Nous n'employons pas d'autres mots pour décrire les visions qui peuvent survenir au cours de la troisième phase du phosphène. Est-ce seulement insuffisance du vocabulaire pour décrire les phénomènes surnaturels ou parce que ces deux variétés d'expériences appartiennent à la même catégorie de phénomènes ?

2. Analogie sur les prémices et l'extinction de l'Apparition, avec les événements de Fatima :


Ainsi que nous l'avons fait remarquer pour Fatima, dans notre livre L'Initiation de Pietro, nous retrouvons ici les caractères des eidétiques, ou visions aussi précises qu'une perception physique que l'on sait pouvoir se former par construction progressive au sein d'un phosphène. Dans ce livre, nous avons précisé la méthode pour y parvenir et nous la résumons un peu plus loin. À Fatima comme à Lourdes, ce nuage blanc paraît bien être de même nature que la troisième phase du post-phosphène (phosphène consécutif à la fixation d'un éclairage), phase que nous avons nommée "Lueur diffuse ".

3. Analogie des prémices et de la fin des apparitions de Fatima et de Lourdes, avec le mode de voyance de Madame Spick :


Ce qui s'est passé pour Bernadette, ressemble donc tout à fait à ce que nous a raconté Madame Spick, dont nous avons parlé un peu plus haut, sur le début de ses voyances et que nous avons rapporté en détail dans Phosphénisme et Origine des religions, développement de la voyance par le Phosphénisme. Nous le rappelons : ses visions commencent toujours par une sphère lumineuse blanche qui tourbillonne, au centre de laquelle apparaît un personnage. C'est ainsi qu'elle nous a donné de nombreux détails exacts sur notre père décédé, dont nous ne lui avions jamais parlé. Or, entre trois et six ans, étant paralysée par le rachitisme, on la mettait seule sur la plage d'Alger où elle se distrayait toute la journée en regardant le reflet du soleil sur l'eau. C'est vers la fin de cette période de sa vie, qu'elle commença à présenter des accès de voyance dont l'exactitude effrayait l'entourage.

Cela paraît comparable au cas de Bernadette Soubirous dont le seul jeu, après le travail, était de jeter des brindilles dans le torrent et de suivre leur dérive, tout en continuant à réciter des chapelets, ce qui a orienté sa voyance née du Phosphénisme par le reflet du soleil sur l'eau, vers des interprétations religieuses. Donc, pour Bernadette, comme pour Madame Spick et les enfants de Fatima, la vision commence et se termine par une luminosité qui paraît bien être de même nature que celle de la troisième phase du phosphène.

4. Le même mécanisme du début et de la fin des visions pour Catherine d'Emmerich :


Nous venons de rappeler qu'à Fatima également, les visions étaient précédées et suivies de phénomènes lumineux. Il en était de même pour Catherine d'Emmerich qui prétendait percevoir des scènes de la vie du Christ, disant que ses visions surgissaient dans des nuages lumineux.

5. Comment faire apparaître un eidétique dans une lueur diffuse ?


La preuve que ces phénomènes appartiennent à une catégorie naturelle, c'est-à-dire obéissant aux lois générales du cosmos, c'est qu'ils se reproduisent toujours selon un cycle semblable, ce qui montre bien qu'ils sont sous-tendus par des lois communes, même si nous ne les connaissons pas encore bien.
Dans Vie de Bernadette, par l'abbé Laurentin, nous trouvons (pages 122 et 123), le récit de "L'Interrogatoire Suprême " à l'évêché, devant Mgr Laurence et douze membres de la commission. On lui demande si la Sainte Vierge avait une auréole.
Bernadette répond : " Elle était enveloppée d'une lumière douce "…
_ " Et cette lumière apparaissait-elle en même temps que l'apparition ? "
_ "ELLE VENAIT AVANT ET RESTAIT UN PEU APRÈS". (C'est nous qui mettons en majuscules et soulignons).

Et maintenant, jouons à ce que nous pourrions appeler " La Petite Apparition ". J'ai décrit l'expérience dans L'Initiation de Pietro, II - MÉTHODE DE PRODUCTION CERTAINE DES EIDÉTIQUES; et au paragraphe suivant, j'ai indiqué ses rapports avec la vision spirituelle. Je suis obligé de la rappeler ici pour signaler sa parenté avec les apparitions de Lourdes.

Voici l'expérience qui permet la lente construction d'une vision très précise au sein d'une lueur diffuse :
Dans une pièce obscure, sur une table éclairée par un réflecteur métallique, placer devant soi une feuille de papier d'un noir mat. À environ dix centimètres de la ligne médiane, poser une photo d'identité en noir et blanc très contrastée, sur le côté gauche par exemple. Diriger le réflecteur de telle sorte que seul le côté où se trouve la photo soit éclairé, l'autre restant dans l'ombre autant que faire se peut.

Fixer la photo par périodes d'une ou deux secondes et ensuite, regarder à droite dans la zone obscure, en déplaçant brusquement le regard. Ramener ensuite rapidement les yeux sur la photo, à gauche ; et ainsi de suite durant quelques minutes, en tâtonnant pour trouver exactement le bon rythme.

On voit tout d'abord apparaître un nuage blanc sur le fond noir. Il est d'un blanc légèrement grisé. Puis, après deux ou trois minutes de cette manoeuvre, l'image se construit d'abord par fragments qui se rejoignent pour former une image globale.

Inversement, lorsque l'on cesse de bouger les yeux tout en regardant sur la droite, après la disparition de l'image un nuage gris blanc subsiste.

NOUS RETROUVONS DONC LÀ, LE MÊME CYCLE QU'À LOURDES: D'ABORD LA LUMINOSITÉ PUIS L'IMAGE, ET LORSQUE CELLE-CI DISPARAIT, DE NOUVEAU LE NUAGE.

Certes, c'est en quelque sorte une octave inférieure par rapport à la beauté de la lumière qui précédait et suivait l'Apparition, mais le parallélisme des cycles nous montre qu'il s'agit de phénomènes connexes scientifiquement étudiables.

Cette analyse du mécanisme des apparitions, du point de vue de la psychophysiologie, ne leur retire en rien leur caractère spirituel, c'est-àdire de manifestation d'un être normalement invisible, à travers la substance phosphénique.

6. Manifestations auditives parfois reproductibles par des exercices sur l'acouphène :


Soulignons d'autres parallélismes avec les faits de Fatima, qui montrent l'existence d'une loi sous-jacente commune à ces faits. À Lourdes, Bernadette entend un " impétueux roulement ", comme celui que ferait un invisible vent, ceci immédiatement avant l'apparition. À Fatima, un bruit comparable à celui d'une fusée précède ou suit les apparitions.

L'ordre de déroulement des faits est le même. Nous nous trouvons donc bien en présence de phénomènes de la même classe.

Nous rappelons l'existence de l'acouphène, équivalent auditif du phosphène. C'est le bourdonnement que l'on entend lorsque l'on se bouche volontairement les oreilles. On peut décalquer sur lui les exercices de mixage et de concentration sur un détail, comme nous le faisons avec le phosphène.

Comme le phosphène, l'acouphène a été utilisé de tout temps pour le développement spirituel. Dans le tome II du "Moulin à prière…", nous avons publié les photographies d'un bas-relief du Musée Guimet montrant un ascète devant lequel des disciples sont en prière. Il se bouche les oreilles avec les index tout en s'inclinant latéralement. À peu près certainement, tout en priant et en se balançant, il écoutait son acouphène.

Par ce moyen, on obtient parfois des expériences auditives comparables à celles de Lourdes et de Fatima. Dans d'autres cas, exceptionnels il est vrai, ces phénomènes surviennent les premiers et attirent l'attention vers les entraînements spirituels.

7. À Lourdes comme à Fatima, des séchages miraculeux :


À Fatima, la boue et les vêtements ont été séchés de façon inexplicable, (la "danse du soleil " avait été immédiatement précédée d'une pluie). De même, nous apprenons que Bernadette a provoqué deux fois dans son enfance, avant les apparitions, des séchages qui ont suscité la stupéfaction de son entourage : une fois celui de ses vêtements, une autre fois celui de la toison de ses moutons qui sont rentrés secs, bien qu'il pleuvait (chanoine de Cambrai, p. 170).

a) Le torrent s'est-il arrêté pour Bernadette?

Curieux épisode, d'ailleurs, dans la période qui a précédé les apparitions, que celui de ses moutons qu'elle rentrait, craignant d'être punie pour les avoir laissés mouiller inopinément. Pour comble de malchance, l'entrée du village était barrée par le torrent qui débordait. Personne ne lui portant secours, elle implora Dieu. L'eau s'arrêta le temps que son troupeau passe.

Un écriteau dans le village de Bartrès signale encore le lieu de ce " miracle " qui reste néanmoins assez discutable, car un berger du lieu nous a dit que ce sont des choses fréquentes dans la région. Les orages passent survolant un petit bassin puis un autre bassin des affluents du torrent, de telle sorte que le passage de l'un à l'autre peut se répercuter par une courte cessation de la crue du torrent, si l'eau de pluie doit parcourir un plus grand trajet à partir du deuxième bassin, pour parvenir au confluent des deux bassins. Ce berger nous a dit que la même chose lui était arrivée.

Mais peut-être pourrait-on s'arrêter à une explication intermédiaire entre l'arrêt du flot par une puissance surnaturelle et le jeu des sous-bassins du torrent. Il suffit pour cela d'admettre que Bernadette vivait suffisamment en harmonie avec la nature environnante, grâce aux rythmes de la prière qu'elle cultivait et au Phosphénisme involontaire, pour avoir l'intuition et le pressentiment du moment où elle devait se présenter devant le torrent.

b) Mais qui a séché ses moutons ?

Il reste néanmoins, dans cette aventure, le fait plus difficilement explicable que le mari de sa nourrice, qui s'apprêtait à la battre pour avoir laissé mouiller ses moutons, constata que ceux-ci étaient secs. Nous émettrons pourtant une hypothèse :
Nous avons montré qu'il existe de curieux rapports entre les phosphènes et les phénomènes caloriques, (voir L'Initiation de Pietro). Si l'on projette un phosphène sur le dos de la main, surtout en serrant le poing, on ressent une certaine chaleur à l'endroit où il est projeté. Nous avons trois preuves que le phosphène est une substance extérieure au cerveau : il est photographiable, sa troisième phase permet de voir les objets physiques en pleine obscurité et il est transmissible par télépathie, bien davantage que la pensée. Si donc, il est une sorte de substance plus subtile que la substance matérielle, il reste autour de la personne qui l'a formé, même lorsqu'elle ne le perçoit plus et n'y pense plus. L'habitude de la prière en fixant le soleil ou de forts éclairages, vous enveloppe donc d'un manteau invisible qui persiste en permanence.

Lorsque l'on a observé souvent des phosphènes, même sans le chercher volontairement, comme cela se produit dans certaines professions, l'on doit rester entouré d'un épais et grand nuage de substance phosphénique, constitué par la substance de tous les phosphènes accumulés au cours des temps. La loi majeure de la spectroscopie est qu'une substance lorsqu'elle est excitée, émet les longueurs d'onde qu'elle absorbe quand un rayonnement la traverse alors qu'elle est au repos. Si donc ce nuage de substance phosphénique est susceptible d'émettre de l'infrarouge, comme le prouve le fait que sa projection sur le dos de la main provoque une sensation de chaleur, on peut admettre qu'il absorbe l'infrarouge ; puis, comme tout corps transporté hors du foyer, il le rayonne. En restituant cet infrarouge à l'environnement d'une façon inhabituelle, des séchages étonnants pourraient être provoqués.

Autre expérience analogue : on raconte que Saint Dominique ayant laissé tomber son bréviaire dans l'eau, l'en a retiré sec. Mais allez savoir si cela ne relève pas de quelque tour de physique amusante involontaire ?

c) La flamme qui ne brûle pas la main de Bernadette :
explication phosphénique, métaphysique ou exagération de la foule
(thèse de l'abbé Laurentin)?

Le même mécanisme - manteau invisible de substance phosphénique - pourrait expliquer un fait célèbre : la main de Bernadette n'a pas été brûlée par la flamme du cierge pendant son extase. Elle paraissait ne pas avoir ressenti de douleur, alors qu'après l'extase, le docteur Donzelot lui a passé la même flamme sous la main et elle l'a vivement retirée.

À ce propos, j'ai recueilli une observation à l'appui de la thèse phosphénique. Il s'agit du cas d'un jeune musulman qui affirmait ne plus être brûlé par une flamme, ou tout au moins beaucoup moins que normalement, s'il n'introduisait sa main dans la flamme qu'après avoir fixé celle-ci suffisamment longtemps pour la voir devenir verte. Or, cette modification de teinte indiquait la formation du co-phosphène, la couleur dominante des phosphènes étant le vert. Il y a là un cas à rapprocher de celui du cierge qui ne brûlait pas Bernadette.

Il en est de même de la tradition au sujet de Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, qu'on tenta de brûler. Il a fallu terminer l'exécution en le poignardant, car les flammes formaient un arc au-dessus de sa tête. Il serait toutefois intéressant de savoir comment ce bûcher était disposé.

Mais restons objectifs. D'après l'abbé Laurentin, Bernadette n'aurait pas mis la main au-dessus de la flamme. Elle aurait formé de ses deux mains seulement une cheminée pour la protéger du vent, ce qui rend moins problable le phénomène paranormal.

8. Influence des anomalies magnétiques :


Autre ressemblance entre Lourdes et Fatima qui tend à confirmer les rapports avec les phénomènes phosphéniques : d'après certains géophysiciens, ces deux lieux seraient parmi les zones les plus magnétiques du globe (Le Populaire du Centre, 1er Février 1967).

Sur une carte des anomalies magnétiques de la France, il est facile de voir que Lourdes, mais également le Puy-en-Velay, se situent dans une région très magnétique. Or, nous rappelons qu'au Moyen Age, les habitants de Lourdes allaient cueillir des herbes dans la future grotte des apparitions et les portaient au Puy-en-Velay en signe de soumission de la Vierge de Lourdes à celle de cette ville, pour montrer qu'elle était sa vassale. Ainsi, les pèlerins allaient d'un des deux lieux les plus magnétiques de France, à l'autre.

D'après le professeur Rocard de la Faculté des Sciences de Paris et directeur du laboratoire de physique de l'École Normale Supérieure, dans Le Signal du Sourcier ; (édition Dunod, 1964), les sourciers sont sensibles aux champs magnétiques, par exemple à ceux entourant les courants électriques dus au frottement de l'écoulement des eaux souterraines. C'est principalement l'articulation du coude qui aurait cette sensibilité. Le professeur Rocard affirme avoir prouvé que des sourciers traversant un cadre de fil électrique peuvent dire si le courant passe ou ne passe pas, lorsque l'intensité du courant est comprise entre deux seuils.

Serait-ce par ce sens que les pèlerins se grouperaient autour des lieux où l'anomalie du champ magnétique terrestre est maxima ?

En tout cas, il y a certains rapports entre le magnétisme physique, l'ionisation négative de l'air et le Phosphénisme. La danse du Soleil de Fatima, nous l'avons montré, est un emballement par résonance télépathique des rythmes des phosphènes. Elle s'est produite le jour d'un maximum ondecennal (cycle de onze ans) de taches solaires, et immédiatement après une pluie. Ce sont deux éléments qui tendent à ioniser l'air négativement. À Kerezinen, en Bretagne, des phénomènes solaires ressemblant à Fatima se sont également produits. Ils ont aussi eu lieu après une pluie.

Si le phosphène est photographiable, c'est qu'il peut agir sur l'échelon électronique, puisque les combinaisons chimiques sont dues à des changements d'équilibre des électrons périphériques des atomes. Or, les électrons se déplacent sous l'influence de variation de champs magnétiques. C'est le principe même de la production de courant électrique par alternateurs. On voit donc que par l'intermédiaire du phosphène apparaissent certains liens entre la physique et le mysticisme, qui expliqueraient que les centres d'anomalie magnétique deviennent préférentiellement des lieux de pèlerinage.

9. Pourquoi l'Apparition a-t-elle fait manger de la Dorine à Bernadette?


Sa vision indique aussi à Bernadette de manger une herbe, la Dorine. Cette plante appartient au genre Chrysosplenum L. famille des Saxifragées. Cinquante-cinq espèces poussent dans les régions tempérées de l'Europe et de l'Amérique.

En France, on trouve deux espèces : Ch. Alterni folium L. et Ch. oppositifolium, cette dernière étant seule susceptible de vivre dans les Pyrénées. Elle se trouve dans les lieux humides, au bord des sources et des ruisseaux. Elle se mangeait parfois en salade dans les campagnes. Elle se développe dans les TERRAINS SILICEUX. On peut en déduire qu'elle est probablement très riche en silice, l'élément qui donne la solidité aux artères. Elle tire son nom de la couleur or (chrysos) de ses fleurs, et de la forme de ses feuilles qui rappelle celle de la rate (splen).

En pharmacologie, elle est considérée comme résolutive, expectorante et diurétique. Il est curieux que par la suite on ait porté peu d'attention à ce conseil de la vision qui, si elle exprime des connaissances par voie supranormale, contenait peut-être en germe toute une thérapeutique.

Ou bien, la consommation de cette plante faciliterait-elle certains aspects du développement spirituel ? Si vraiment cette Apparition appartient à un monde spirituel très élevé, ce n'est pas pour rien qu'elle a attiré l'attention sur la Dorine ou Chrisosplenum, et la nécessité d'en manger. On s'étonne que l'Église romaine n'ait pas fait davantage de recherches à son sujet.

Par contre, Monseigneur Patrick Truchemotte, évêque de l'Église gallicane de Bordeaux, a consacré un opuscule à l'aspect théologique de la Dorine : La Dorine et les Secrets de Lourdes.

L'Église gallicane est l'Église que les rois de France soutenaient contre l'Église romaine. Souvenez-vous de ce que nous apprenions sur les bancs de l'école : la querelle des gallicans et des ultra-montains. Cela nous paraissait bien rasant à l'époque. Il faut l'âge et l'expérience de l'existence pour se rendre compte que cela n'était qu'un des aspects de l'éternelle lutte des populations nordiques contre les méridionales.

Monseigneur Truchemotte, récemment décédé, était à la tête des 30.000 fidèles environ qui constituent actuellement cette Église. Par ailleurs, il fut un très brillant poète dont les oeuvres mériteraient d'être plus connues.

Il s'intéressait au Phosphénisme et avait même réalisé des expériences de groupe avec ses scouts, sur la transmissibilité télépathique des phosphènes. Nous reviendrons sur les expériences de Monseigneur Truchemotte, lors de l'étude du rôle probable de la télépathie entre Bernadette et le Pape, au cours de certains événements de Lourdes.

D'après Monseigneur Truchemotte, les huiles saintes ou Krismas, bénies selon le rituel de l'Église gallicane étaient préparées à partir de la Dorine.

10. Bernadette et les bisons :


Enfin, Bernadette mit à jour une source. Ceci n'a rien de bien extraordinaire car il y avait déjà quelque humidité dans cet emplacement et il est naturel que l'eau souterraine s'oriente vers les zones de moindre pression, donc dans les cavités. Au surplus, bien que l'eau n'ait point d'odeur, la muqueuse nasale sait très bien discerner un air humide d'un air sec.
Ainsi, les bisons détectent l'eau à plus de huit kilomètres. (La Grande Aventure des Migrateurs, Georges Blond ; Éditions Fayard, P. 138).

Il n'est donc pas extraordinaire qu'une enfant habituée à vivre surtout seule dans la nature, puisse détecter à moins d'un mètre la présence d'un filet d'eau proche de la surface, par sa muqueuse nasale ; l'Apparition servant ici de lien et de soutien entre les sens de l'enfant et son désir d'oser le dire en public.
De même qu'à Fatima, Lucie dos Santos demanda à la foule de fixer le soleil parce que son Apparition avait tourné les mains vers lui et que les rayons de lumière qui en jaillissaient avaient suggéré cette direction. On pourrait presque dire que ce sont des enfants qui " pensent par Apparitions " interposées.

11. Des guérisons par la source miraculeuse, à la communion phosphénique :


L'eau de la source de la grotte guérirait-elle véritablement ? Pourtant, il y a belle lurette que l'on raconte que la source miraculeuse s'étant tarie, on a fait venir des ouvriers espagnols pour raccorder la source à l'eau de la ville. Vrai ou faux ? Allez savoir…

Mais il faut aussi envisager l'hypothèse que même l'eau de la ville, si elle est chargée de la substance des formes-pensées de la foule en prière, pourrait acquérir des vertus thérapeutiques. Il n'y a pas de fumée sans feu. Or, dans tous les peuples, on trouve la tradition d'une possibilité de " charger " l'eau par quelque chose d'invisible émanant du cerveau humain.

Il faut ici rappeler une coutume des yogis signalée par exemple, dans La Science Hindoue de la Respiration, d'Atkinson, publié en France sous le titre La Science Occulte de la Respiration, auteur anonyme: c'est la charge d'eau en "prâna " ou air spirituel. Cela se réalise en mettant les doigts pointés au-dessus du vase pour y projeter le fluide engendré par la pensée rythmée ou répétition mentale des mantras.

Cette pratique repose toujours sur la notion de forme-pensée, c'est-à-dire sur l'hypothèse que chaque fois que nous formons une image mentale visuelle ou auditive, nous engendrons dans une matière subtile une forme comparable à une photographie à trois dimensions, qui continue à exister lorsque nous n'y pensons plus. Cette forme-pensée peut s'accrocher, par exemple aux objets, ce qui explique que des sensitifs peuvent décrire à partir d'une bague, la personne qui l'a longtemps portée. Cela n'est pas plus étonnant que de pouvoir détecter dans une salle de réunion vide, le seul siège où quelqu'un s'est assis plusieurs heures auparavant, par la photographie dans l'infrarouge de la chaleur que le sujet a laissé sur le siège.

D'après cette tradition du Yoga, l'eau pourrait devenir un accumulateur de ces formes-pensées. Ainsi, les prières de la foule accumulent leurs forces dans l'eau de la source venant de la grotte ; la force qui interviendrait dans les guérisons serait celle des prières accumulées dans ce condensateur naturel. Ceci expliquerait que cette eau continue à guérir, bien que comme nous l'avons vu, il s'agisse probablement de l'eau de la ville.

Dans nos séances de mixage en commun, nous projetons le phosphène dans une bouteille d'eau, en même temps que chacun y mêle la pensée qu'il veut, sans en informer les autres. Car le phosphène devant être considéré comme constitué par une substance plus dense que la pensée et intermédiaire entre elle et la matière, c'est renforcer l'accumulation de la puissance mentale dans l'eau que d'y projeter un phosphène collectif. Puis chacun boit un peu de cette eau.

Cette communion phosphénique termine la séance de mixage en commun. Dans le temps de vide mental consécutif, après peu de séances d'entraînement, on perçoit un monde habituellement invisible, tout d'abord sous forme de nuages emplis de forces, d'éclairs et de tonnerre dans cet univers qui se dévoile, puis des formes plus précises apparaissent.


Le détail du déroulement de la séance est décrit dans Phosphénisme et Origine des religions, développement de la voyance par le Phosphénisme. Remarquons qu'au Brésil, dans la Macumba, il existe une pratique qui se rapproche beaucoup de cette communion phosphénique : un vase de verre plein d'eau est placé sur un autel très éclairé. Les fidèles dansent devant cet autel tout en priant, puis boivent chacun un peu de cette eau. Sans avoir analysé aussi en détail que nous le mécanisme de la communion phosphénique et, par conséquent, sans réussir à rendre cet usage aussi efficace, ces danseurs la pratiqueraient néanmoins quelque peu d'instinct.

12. L'Apparition rappelle le chapelet, ce métronome des pauvres :



Comme à Fatima, la vision insiste sur le chapelet mais cette fois-ci, non par la parole, seulement par la suggestion du geste. Par là même, cette vision veut manifester que la pensée rythmée est une des deux origines des phénomènes mystiques ; l'autre étant la pratique voulue ou naturelle du mixage phosphénique. Les discussions théologiques autour de ces phénomènes ressemblent bien souvent à ce que les psychiatres appellent " la salade de mots ".

Devant la spiritualité scientifique, ces apparitions radieuses restent cependant dépendantes des lois universelles et des transmutations de substance. L'élément le plus important de la prière est la régularité du rythme des répétitions mentales. La combinaison de la substance de la forme-pensée avec la substance déjà plus dense du phosphène, engendre la densité de substance, intermédiaire entre le monde matériel et l'univers phosphénique qui est nécessaire pour ce genre d'apparition.

Ayant consacré plusieurs ouvrages au problème de la pensée rythmée, (voir Développement des pouvoirs supranormaux de l'Esprit par la pensée au sixième de seconde ; L'Activation du cerveau par l'audition alternative ; un long chapitre dans Le Pneumophène ou la respiration qui ouvre les portes de l'Au-delà, sur la pensée réglée à l'aide du métronome ; et les deux tomes Du Moulin à prière à la dynamo spirituelle, ou la machine à faire monter Koundalini) ; j'y renvoie le lecteur intéressé.

Par le toucher des grains du chapelet, il est assez facile, lorsque l'on en a l'habitude, de régulariser le rythme de la répétition sans que cela détourne l'attention de la pensée auditive qui est essentiellement la prière. En effet, la motricité acquiert avec peu d'entraînement, un automatisme de durée fort précise.

Le nombre de grains assure l'égalité de durée de chaque séance, là encore sans avoir à y porter attention ; ce qui tient lieu par exemple de sablier. Or, cette régularité de la durée, comme celle des horaires des séances, est d'une grande importance : toute la croissance des plantes est réglée par des rythmes. Nous étudierons au paragraphe suivant ce que j'ai développé dans Les Homologies, analogies du microcosme et du macrocosme : les rapports entre le corps éthérique et la végétation. On ne saurait donc épanouir pleinement les facultés liées au plus dense des corps invisibles, sans cultiver de nombreux aspects du rythme dans la pensée.

Ainsi, le chapelet apparaît bien comme le métronome… du pauvre qui n'a pas encore compris qu'un instrument permettant une régularité bien supérieure, lui est infiniment préférable.

13. Ne nous laissons pas détourner des intuitions consécutives au mixage phosphénique car, plus que nos impulsions, elles nous conduisent au bonheur et à la créativité :



Il n'y a pas de lumière qui ne fasse apparaître des ombres! Comme à Fatima, l'enfer se dévoile en même temps que le ciel, car pendant la radieuse première apparition, des voix diaboliques qui viennent du côté du torrent poussent Bernadette à fuir la grotte.

De même, chaque pratiquant du Phosphénisme sait qu'après un certain entraînement, lorsqu'en dehors des séances vient une intuition catégorique dont il ressent qu'elle n'est pas de nature ordinaire mais est liée au Phosphénisme. S'il la suit, il fera l'expérience d'événements favorables survenant de ce fait dans son existence. Mais s'il obéit à la voix de la conscience ordinaire, il continuera à s'enfermer dans les difficultés.